Moyen Âge
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Gaston Paris (1839-1903), grand pionnier de la philologie romane, est sans doute l’un des médiévistes français du XIXe siècle les plus cités de nos jours encore. Il n’avait jamais fait l’objet d'une étude d’ensemble que propose enfin Ursula Bähler. A l’aide notamment de la très riche correspondance du savant, elle dégage des aspects centraux de la vie et de l’œuvre de Gaston Paris. Elle s’interroge ainsi tant sur le devenir complexe du philologue, souvent déformé par l’historiographie officielle, que sur les mécanismes mis en œuvre par Gaston Paris et ses collègues pour "professionnaliser" la nouvelle discipline, réputée "germanique", dans un climat fortement imprégné des tensions franco-allemandes. L’univers intellectuel du savant ainsi que son attitude vis-à-vis du moyen âge et de sa littérature sont ensuite examinés. L’étude, enfin, répond à une question, essentielle : en quoi l’œuvre et la pensée de Gaston Paris nous concernent-elles encore ?
En annexe, on trouvera la réimpression de la Bibliographie des travaux de Gaston Paris établie en 1904 par Joseph Bédier et Mario Roques.
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La première moitié du deuxième tome des notes journalières de Fujiwara no Sukefusa couvre la fin de l’année 1040, période chargée en événements malheureux, effondrement du sanctuaire de la divinité Toyo.uke à Ise, incendie du palais et perte du miroir sacré. L’empereur fut troublé par ces désastres qu’il interprétait comme la preuve que ses divinités ancestrales étaient irritées et lui retiraient leur protection. Cette partie des notes journalières est donc intéressante pour ce qu’elle nous révèle des croyances de l’empereur et de ses relations avec ses divinités, en un moment où les précautions à prendre contre les impuretés et l’abondance des célébrations du culte national l’obligent à relativement délaisser celles du bouddhisme.
À l’exception des deux lunes du début de 1041, la deuxième moitié du volume n’est plus composée que d’extraits, souvent assez longs et suivis, relatifs à des événements tels que changement du nom de l’ère, majorité du prince héritier, banquet donné par un ministre nouvellement nommé, célébrations bouddhiques pour l’inauguration de bâtiments au Kôfukuji et au Hôjôji, ou services pour des morts. Sukefusa alors n’est plus chef à la Chancellerie privée, sa carrière stagne et il garde donc des raisons d’exhaler des plaintes et de critiquer ses contemporains.
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Tous les médiévistes connaissent la Séquence Buona pulcella fut Eulalia, ils savent aussi que cette œuvre majeure, la première du plus ancien français, est loin d'avoir livré tous ses secrets. Les auteurs ont donc décidé de revisiter ce poème, l'histoire de la sainte qui en est le sujet, la langue dans laquelle il est écrit, son environnement dans le manuscrit 150 de la Bibliothèque municipale de Valenciennes, qui l'a miraculeusement préservé, et dont ils dressent un inventaire précis. Leur étude minutieuse révèle un poète à la fois cultivé, délicat et efficace. Elle met en lumière une langue en formation qui, contrairement à ce qu'on croit, est, par bien des points, déjà du français. Par la même occasion, ils ont aussi édité et traduit les quatre autres textes latins et germanique entourant cette Séquence romane : Cantica uirginis Eulaliae, Dominus caeli rex, Uis fidei, Rithmus Teutonicus. On verra que tous méritaient cette revalorisation.